Le débat sur le principe d'abolition de la prostitution débute aujourd'hui à l'Assemblée Nationale. Il fait suite aux propositions d'une mission d'information parlementaire présidée par la députée PS des Côtes d'Armor Danielle Bousquet soutenue par des députés toute tendance confondue (PCF, UMP, PS, Verts, Nouveau Centre, Front de Gauche). Le STRASS, Syndicat du Travail Sexuel, dénonce derrière cette mission un certain féminisme "autoritaire et puritain, qui, pour s’affirmer, nie la parole des premieres concernées" "une idéologie moralisante, répressive et dangereuse à l’égard des travailleur(se)s du sexe."
Après l'instauration du délit de racolage voté en 2003, le client est cette fois dans le collimateur des législateurs. La loi voté en 2003 n'a bien évidemment pas réglé le problème de la prostitution. Elle a, par contre, obligé les professionnel(le)s du sexe à se déplacer des centres villes vers des zones péri urbaines. Cette clandestinité imposée par les pouvoirs publics - sans doute sous la pression d'élu(e)s soucieux de l'image bien propre des centres villes - est un recul évident en matière d'hygiène et sécurité des prostitué(e)s.
Dans une interview pour France Culture ici Elisabeth Badinter dénonce, concernant l'abolition de la prostitution, une loi qui entrave la liberté sexuelle absolue entre adultes consentants : "C'est une regression incroyable, un retour à la police des moeurs !". Elle ajoute que "les plus pauves d'entre elles vont être de plus en plus fragilisés, de plus en plus dans la précarité" "Les abolitionistes stigmatisent comme jamais les femmes"
On pouvait imaginer une gauche progressiste qui s'engage à donner des droits sociaux aux
prostitué(e)s, à renforcer les moyens policiers pour combattre sans merci les puissants réseaux mafieux. On préfère la répression rétrograde en soutenant une loi
liberticide dont le résultat est un échec probant en Suède.
Derrière l'alibi du droit, la morale ...
JLB