Le Parlement européen attribue ce mercredi
son prix Sakharov 2009 à l'ONG
Memorial. Cette association russe, créée dans les années 1980, lutte pour
la sauvegarde de l'histoire du goulag et la défense des droits de l'homme.
Ce prix "pour la liberté de pensée", doté de 50 000 euros, va "à Lyudmila Alexeyeva, Oleg Orlov
et Sergeï Kovalev au nom de l'organisation Memorial" ainsi qu'à "tous les autres défenseurs des droits de l'homme en Russie". Défenseurs qui risquent leur vie en défiant
les autorités.
Le Parlement européen le leur remet, ce mercredi, au moment même où l'on célèbre le 20ème anniversaire de la mort
du physicien, Prix Nobel de la Paix soviétique... et cofondateur de Memorial.
En Russie, ceux qui défient les autorités risquent leur vie. Anna Politkovskaïa était sans doute la plus célèbre d'entre eux. Mais ce sont, au total, six collaborateurs du
journal indépendant Novaïa Gazeta qui sont tombés en une dizaine d'années :
Igor Domnikov (1958-2000)
Reporter et responsable des "grands dossiers", il vient de publier une série d'articlessur la corruption lorsqu'il
estagressé à coupsde marteau devant l'entrée de son appartement.Après deux moisde coma, il meurt à l'hôpital.
Youri Chekotchikhine (1950-2003)
Député à la Douma, où il siège à la commission parlementaire contre la corruption, ce collabo- rateur de Novaïa
Gazeta est éliminé par empoisonnement après avoir publié une enquête mettant en cause des députés et des agents des services secrets dans une affaire de contrebande.
Anna Politkovskaïa (1958-2006)
Journaliste d'investigation connue pour son opposition à la guerre de Tchétchénie, elle est assassinée
devant l'ascenseur de son immeuble, à Moscou, dans l'après-midi du 7 octobre, jour anniversaire de... Vladimir Poutine.
Stanislav Markelov (1974-2009)
Journaliste d'investigation et avocat spécialisé dans la défense des droits de l'homme (notamment auprès de
nombreux civils tchétchènes et des victimes des groupesnéonazis), il est assassiné le 19 janvier dernier en plein Moscou.
Anastasia Babourova (1983-2009)
Journaliste engagée dans la dénonciation de la mouvance néofasciste russe, elle accompagne Stanislav Markelov
lorsque celui-ci est abattu. Alors qu'elle tente de retenir le criminel, elle reçoit une balle. Le double assassin présumé et un complice sont sous les verrous.
Natalia Estemirova (photo) (1958-2009)
D'origines russe et tchétchène, cette militante des droits de l'homme engagée auprès de l'ONG Memorial succède à
son amie Anna Politkovskaïa après l'assassinat de celle-ci, en 2006. Le 15 juillet dernier, elle est enlevée devant son domicile de Grozny (Tchétchénie) puis tuée.
sources AFP, L'express